
Communiqué : Quand l’« arbre des allégations » cache la « forêt des sucres »…
L'AFDN soutient le communiqué de presse et le texte détaillé à l'initiative du Pr Serge Hercberg, Dr Mathilde Touvier et Dr Mélanie Deschasaux-Tanguy, dénonçant l’usage d’allégations santé trompeuses sur des produits riches en sucres.
Ces personnalités, appuyées par des nutritionnistes, des endocrinologues, des gastro-entérologues et des pédiatres universitaires appellent à une évolution législative pour protéger les consommateurs d’un marketing intensif utilisant ce type de stratégie.
L’AFDN est signataire et soutient pleinement cette démarche. Elle reflète nos valeurs, notre vision et nos objectifs en matière de promotion de la santé en plébiscitant une alimentation plus saine et équilibrée, et en luttant contre les dérives alimentaires.
Pour consulter le texte en ligne
Communiqué de presse
Quand l’« arbre des allégations » cache la « forêt des sucres »…
« Activia : des milliards de probiotiques, vous aide à mieux digérer le lactose en cas de difficultés, prend soin de votre bien-être digestif, source de calcium qui contribue au fonctionnement normal des enzymes digestives… » ;
Ces produits alimentaires (fabriqués par Danone) mettent en avant des promesses santé alléchantes alors qu’ils contiennent des quantités de sucres particulièrement importantes. En dehors des versions précisant « sans sucres ajoutés » qui ne contiennent que le sucre naturellement présent dans le lait (le lactose), les teneurs en sucres de ces produits varient entre 8 et 12 g/100 ml, c’est-à-dire autant, voire plus de sucres que d’autres boissons sucrées : par exemple le Coca-cola classique contient 10 g de sucre/100ml, Capri-Sun, 7 à 10 g de sucre/100ml et Oasis, 7 à 9 g de sucre/100ml selon les versions.
De plus, l’information sur la forte teneur en sucres de ces produits n’apparaît même pas de façon explicite pour les consommateurs, Danone refusant d’afficher le Nutri-Score mis à jour récemment par les scientifiques qui pénalise plus fortement les produits sucrés, notamment les yaourts à boire sucrés qui se retrouvent classés légitimement dans les catégories D ou E.
Cette ambivalence (mise en avant d’arguments « santé » vs information non évidente sur le taux de sucres) atteint un paroxysme avec les dernières versions des Actimel, les « Actimel+ Triple action », mis sur le marché par Danone en septembre 2024 (quelques jours après l’annonce de leur refus d’afficher le Nutri-Score mis à jour par les scientifiques) qui met en avant que « ce produit vous aide à rester au top de votre forme à travers 3 actions : le soutien du système immunitaire grâce à la vitamine D ; la protection des cellules contre le stress oxydatif pour délivrer des propriétés antioxydantes grâce à la vitamine C ; la réduction de la fatigue grâce au magnésium ».
Ces produits mettent ainsi en avant des propriétés physiologiques reconnues pour les vitamines et minéraux (sans que les bénéfices santé annoncés des produits qui les contiennent soient démontrés) en occultant les effets délétères d’un apport élevé en sucres qui sont, quant à eux, parfaitement démontrés.
Les promesses santé de ces produits apparaissent donc surtout comme de purs arguments marketing dont on peut considérer qu’ils sont d’autant plus confusants pour les consommateurs qu’ils ne s’accompagnent pas d’une information valide sur la réalité du profil nutritionnel global de ces aliments (défavorable du fait de leur teneur élevée en sucres) que leur donnerait le Nutri-Score dans sa version mise à jour et validée scientifiquement. Confusante, voire trompeuse, cette stratégie semble par contre efficace en termes de business. Activia, Actimel et Danonino à boire sont des produits phares du portefeuille de Danone. Donner une coloration « santé » aux produits permet de séduire une plus large population et de se démarquer de concurrents.
Pourtant il est intéressant de noter que le règlement européen de 2006 sur les allégations prévoyait que la Commission européenne définisse, avant fin 2009, des profils nutritionnels (intégrant notamment la teneur en sucre, sel, matières grasses, acides gras saturés et acides gras trans) pour caractériser les produits ayant un profil nutritionnel favorable pouvant autoriser la présence d’allégations (par exemple telles que celles avancées par Actimel sur les défenses immunitaires ou la fatigue). Il s'agissait d'éviter qu'une allégation ne puisse masquer la composition nutritionnelle défavorable d'un aliment, ce qui pourrait induire en erreur le consommateur. Malheureusement du fait de la pression des lobbys agroalimentaires, alors que ce règlement a été adopté il y a plus de dix-huit ans par le Parlement européen, il reste toujours inappliqué en l’absence de définition de ce que serait ce profil nutritionnel au niveau européen ! Ceci explique pourquoi Danone peut encore aujourd’hui valoriser des allégations sur les emballages des Actimel, malgré des teneurs en sucres très élevées. Cette situation est totalement inacceptable en termes de santé publique.
Au total, la mise en avant d’arguments qui visent à donner une image santé à des produits tout en occultant l’information sur leurs teneurs élevées en sucres, défavorables à la santé, ne permet pas d’éclairer les consommateurs sur le bon usage de leur consommation. Il apparaît indispensable de faire évoluer la législation pour protéger les consommateurs d’un marketing intensif usant de cette stratégie. On ne peut accepter que les seuls arguments marketing l’emportent sur la santé des consommateurs et la santé publique.
Contacts
Professeur Serge Hercberg : hercberg@eren.smbh.univ-paris13.fr
Docteure Mathilde Touvier : m.touvier@eren.smbh.univ-paris13.fr
Docteure Mélanie Deschasaux-Tanguy : m.deschasaux@eren.smbh.univ-paris13.fr

Communiqué : Quand l’« arbre des allégations » cache la « forêt des sucres »…
L'AFDN soutient le communiqué de presse et le texte détaillé à l'initiative du Pr Serge Hercberg, Dr Mathilde Touvier et Dr Mélanie Deschasaux-Tanguy, dénonçant l’usage d’allégations santé trompeuses sur des produits riches en sucres.
Ces personnalités, appuyées par des nutritionnistes, des endocrinologues, des gastro-entérologues et des pédiatres universitaires appellent à une évolution législative pour protéger les consommateurs d’un marketing intensif utilisant ce type de stratégie.
L’AFDN est signataire et soutient pleinement cette démarche. Elle reflète nos valeurs, notre vision et nos objectifs en matière de promotion de la santé en plébiscitant une alimentation plus saine et équilibrée, et en luttant contre les dérives alimentaires.
Pour consulter le texte en ligne
Communiqué de presse
Quand l’« arbre des allégations » cache la « forêt des sucres »…
« Activia : des milliards de probiotiques, vous aide à mieux digérer le lactose en cas de difficultés, prend soin de votre bien-être digestif, source de calcium qui contribue au fonctionnement normal des enzymes digestives… » ;
Ces produits alimentaires (fabriqués par Danone) mettent en avant des promesses santé alléchantes alors qu’ils contiennent des quantités de sucres particulièrement importantes. En dehors des versions précisant « sans sucres ajoutés » qui ne contiennent que le sucre naturellement présent dans le lait (le lactose), les teneurs en sucres de ces produits varient entre 8 et 12 g/100 ml, c’est-à-dire autant, voire plus de sucres que d’autres boissons sucrées : par exemple le Coca-cola classique contient 10 g de sucre/100ml, Capri-Sun, 7 à 10 g de sucre/100ml et Oasis, 7 à 9 g de sucre/100ml selon les versions.
De plus, l’information sur la forte teneur en sucres de ces produits n’apparaît même pas de façon explicite pour les consommateurs, Danone refusant d’afficher le Nutri-Score mis à jour récemment par les scientifiques qui pénalise plus fortement les produits sucrés, notamment les yaourts à boire sucrés qui se retrouvent classés légitimement dans les catégories D ou E.
Cette ambivalence (mise en avant d’arguments « santé » vs information non évidente sur le taux de sucres) atteint un paroxysme avec les dernières versions des Actimel, les « Actimel+ Triple action », mis sur le marché par Danone en septembre 2024 (quelques jours après l’annonce de leur refus d’afficher le Nutri-Score mis à jour par les scientifiques) qui met en avant que « ce produit vous aide à rester au top de votre forme à travers 3 actions : le soutien du système immunitaire grâce à la vitamine D ; la protection des cellules contre le stress oxydatif pour délivrer des propriétés antioxydantes grâce à la vitamine C ; la réduction de la fatigue grâce au magnésium ».
Ces produits mettent ainsi en avant des propriétés physiologiques reconnues pour les vitamines et minéraux (sans que les bénéfices santé annoncés des produits qui les contiennent soient démontrés) en occultant les effets délétères d’un apport élevé en sucres qui sont, quant à eux, parfaitement démontrés.
Les promesses santé de ces produits apparaissent donc surtout comme de purs arguments marketing dont on peut considérer qu’ils sont d’autant plus confusants pour les consommateurs qu’ils ne s’accompagnent pas d’une information valide sur la réalité du profil nutritionnel global de ces aliments (défavorable du fait de leur teneur élevée en sucres) que leur donnerait le Nutri-Score dans sa version mise à jour et validée scientifiquement. Confusante, voire trompeuse, cette stratégie semble par contre efficace en termes de business. Activia, Actimel et Danonino à boire sont des produits phares du portefeuille de Danone. Donner une coloration « santé » aux produits permet de séduire une plus large population et de se démarquer de concurrents.
Pourtant il est intéressant de noter que le règlement européen de 2006 sur les allégations prévoyait que la Commission européenne définisse, avant fin 2009, des profils nutritionnels (intégrant notamment la teneur en sucre, sel, matières grasses, acides gras saturés et acides gras trans) pour caractériser les produits ayant un profil nutritionnel favorable pouvant autoriser la présence d’allégations (par exemple telles que celles avancées par Actimel sur les défenses immunitaires ou la fatigue). Il s'agissait d'éviter qu'une allégation ne puisse masquer la composition nutritionnelle défavorable d'un aliment, ce qui pourrait induire en erreur le consommateur. Malheureusement du fait de la pression des lobbys agroalimentaires, alors que ce règlement a été adopté il y a plus de dix-huit ans par le Parlement européen, il reste toujours inappliqué en l’absence de définition de ce que serait ce profil nutritionnel au niveau européen ! Ceci explique pourquoi Danone peut encore aujourd’hui valoriser des allégations sur les emballages des Actimel, malgré des teneurs en sucres très élevées. Cette situation est totalement inacceptable en termes de santé publique.
Au total, la mise en avant d’arguments qui visent à donner une image santé à des produits tout en occultant l’information sur leurs teneurs élevées en sucres, défavorables à la santé, ne permet pas d’éclairer les consommateurs sur le bon usage de leur consommation. Il apparaît indispensable de faire évoluer la législation pour protéger les consommateurs d’un marketing intensif usant de cette stratégie. On ne peut accepter que les seuls arguments marketing l’emportent sur la santé des consommateurs et la santé publique.
Contacts
Professeur Serge Hercberg : hercberg@eren.smbh.univ-paris13.fr
Docteure Mathilde Touvier : m.touvier@eren.smbh.univ-paris13.fr
Docteure Mélanie Deschasaux-Tanguy : m.deschasaux@eren.smbh.univ-paris13.fr